Beatrice Osome


Beatrice Osome

Femmes d’inspiration

Beatrice Kavere Osome est une infirmière à la retraite et une militante qui, depuis 2006, consacre son temps à creuser le plus grand nombre possible de puits dans son pays natal, le Kenya.

Mme Osome est née dans un petit village appelé Kiritu. Aînée de huit enfants, elle et ses frères et soeurs marchent chaque jour jusqu’à la rivière la plus proche afin de se procurer de l’eau pour la ramener au village sur leur tête pendant 3 kilomètres. L’eau était souvent contaminée, exposant les commu-nautés à diverses maladies comme le choléra et la dysenterie – une réalité pro-fondément personnelle avec la mort de l’une de ses soeurs victime de la ty-phoïde à l’adolescence.

Après sa quatrième année scolaire, Beatrice Osome est envoyée dans un pen-sionnat quaker pour poursuivre ses études, où elle est logée, nourrie et dotée d’un uniforme. En remerciement, elle s’engage à travailler sans relâche pour aider ses parents et ceux qui l’entourent dans les villages. Elle termine ses études secondaires dans une école anglicane en 1964 et part ensuite à Nairo-bi, au Kenya, pour étudier le métier d’infirmière et de sage-femme. Elle se porte également volontaire à l’hôpital national Kenyatta pour le compte de l’Hospital Christian Fellowship, où elle offre une aide active, rendant visite aux patients et les consolant, et participant à une chorale qui réconforte les malades. En même temps, elle crée une association d’infirmières qui prient en-semble avec les patients. Pendant sa formation, Mme Osome bénéficie du sou-tien d’infirmières américaines et britanniques de passage. Cela l’incite à voy-ager pour découvrir ce que sont les soins infirmiers dans ces pays. En 1969, elle est diplômée en tant qu’infirmière et termine son programme de forma-tion de sage-femme.

Deux ans plus tard, elle immigre avec son mari et ses enfants à London, en On-tario, où elle commence à travailler comme infirmière à l’hôpital Victoria. Toute-fois, son expérience du manque d’eau potable dans les régions rurales du Kenya est au coeur de ses préoccupations. Un aspect que les Canadiens tien-nent souvent pour acquis, mais la contamination de l’eau a des conséquences tragiques pour les habitants des pays en développement. En effet, une per-sonne sur six n’a pas accès à l’eau potable ; 80 % des maladies sont liées au manque d’eau propre; et un enfant meurt toutes les 8 secondes de maladies associées à la consommation d’eau insalubre.

En 1976, Mme Osome déménage à Ottawa avec sa famille et commence à tra-vailler à l’hôpital Saint-Vincent (maintenant l’hôpital Elizabeth Bruyère). À sa re-traite en 1999, elle travaille à temps partiel dans deux établissements de soins de longue durée, Grace Manor et Garden Terrace. À cette époque, sa préoc-cupation concernant les eaux contaminées dans les pays en développement constitue le fer de lance de sa mission visant à améliorer la situation des per-sonnes touchées. Une solution consiste à obtenir les fonds et les ressources nécessaires pour creuser des puits dans les villages. Dans le cadre d’un groupe appelé Staff Nurses Interest Group (SNIG) de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario, elle accepte des dons et motive des person-nes à apporter leur aide. Le SNIG est devenu le sponsor d’un des puits.

En 2005, Mme Osome se joint au club Rotary d’Ottawa Ouest avec l’intention de servir sa communauté actuelle ainsi que celle de ses premières années et, en 2007, le club aide à coordonner et à faciliter la création de son premier puits parrainé. Les responsables des écoles et les dirigeants communautaires des villages concernés commencent alors à soumettre des propositions de puits à Mme Osome, à chaque puits terminé, une célébration est organisée dans le village concerné. En outre, pour assurer la longévité de l’infrastructure de chaque puits, chaque village est chargé de l’entretenir en prélevant une taxe nominale administrée par le conseil de l’école primaire locale. Les frais collectés vont dans un fonds dédié et sont utilisés pour couvrir les dépenses de réparation des cassures et des mécanismes de pompe. Cependant, pour ceux ne pouvant pas payer la redevance, l’accès reste autorisé. Grâce à ses ef-forts, un premier puits est construit dans le village natal de ses parents, à Kiritu, suivi de beaucoup d’autres à travers le Kenya.

Beatrice Osome exerce également des pressions pour obtenir des lieux de tra-vail sécuritaires pour les membres de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario dans les foyers de soins.

En reconnaissance de son dévouement et de son soutien aux nouveaux ar-rivants, Mme Osome est nommée ambassadrice WOW en 2014 par le Parte-nariat local d’immigration d’Ottawa (PLIO) dans le cadre de la Semaine d’ac-cueil d’Ottawa. Par ailleurs, pour ses plus de 40 années en tant que membre de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIAO), elle devient membre émérite de l’AIIAO, région 10 Ottawa. Elle est également élue par la ville d’Ottawa comme étant l’une des championnes des soins de santé.

Rien ne résume mieux l’esprit de cette femme exceptionnelle que sa devise : « Quand on veut, on peut ».

 

Traduction fournie grâce à Adrien-Alexandre Allin